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Ce WE avait lieu la plus célèbre course de roller européenne, les 24h roller sur le circuit Bugatti au Mans, circuit sur lequel a lieu un peu plus tôt dans l’année les 24h du Mans moto. Ce circuit fait 4,185 km de long et comporte comme principale difficulté une montée de 600 m surnomée le Dunlop, l’explication en est simplement donnée par cette photo (cliquez dessus pour l’agrandir) :

dunlop

 

Quel que soit le niveau des patineurs, c’est la principale difficulté de cette course. En solitaire ou par équipe, il faut la surmonter à chaque tour…

Cette épreuve est un rendez-vous incontournable pour tout amateur de roller, qu’il soit de haut niveau où se joue la gagne jusqu’aux derniers instants, ou pour le simple amateur dont le but est de finir, entier si possible ! Le Mans, c’est un de ces rares événements mélangeant l’élite de la vitesse et la masse des patineurs amateurs.

La météo de ce WE fut estivale, presque idéale si l’on tolère les quelques degrés de trop subis les après-midi, le thermomètre affichait en effet 27° le samedi et 29° le dimanche… Mais en compensation la nuit fut agréablement douce avec près de 20° à minuit et 16° à l’aube. Les nuages ont été temporairement assez présents le dimanche matin avec le passage d’une perturbation très atténuée ne donnant que quelques gouttes alors que le soleil n’était pas loin. En dehors de çà, le soleil a du composer avec des nuages de beau temps qui sont resté totalement inoffensifs et ont permis de calmer légèrement les ardeurs du soleil. Le vent est resté faible le samedi, un peu plus remarqué le dimanche tout est restant sage, ne dépassant pas les 20 km/h.

J’ai participé cette année à cette course pour la première fois en tant que compétiteur, voici un compte rendu factuel du WE tel que je l’ai vécu.

Samedi 27 juin 2009

7h : Arrivée au lieu de rendez-vous porte d’Orléans d’où le bus affrété par l’association Rézo Rollers prendra le départ pour le Mans. Les participants arrivent petit à petit. Il fait beau, le soleil brille sur la capitale, c’est de bonne augure pour la suite 🙂

8h : Top départ, en route pour l’aventure !

10h45 : Arrivée au circuit des 24h du Mans. Tout le monde prend la direction du village monté pour l’occasion. Les paddocks ouvrent à 13h, en attendant les uns vont au camping monter leurs tentes, les autres s’installent à l’entrée de l’accès aux paddocks en attendant l’ouverture des grilles… Pendant ce temps les personnes arrivées plus tôt s’élancent pour la parade roller, une randonnée de quelques kilomètres qui finit par un tour du circuit Bugatti.

13h : Ouverture de l’accès aux paddocks, c’est la ruée pour prendre le meilleur emplacement sachant que chaque paddock est partagé par 7 à 10 équipes. Installation des équipes et des éléments visuels pour certaines qui en disposent.

14h : Début des qualifications pour déterminer l’ordre de départ sur la grille. Il s’agit de parcourir une distance de 300 mètres en légère pente montante le plus vite possible.

15h : Tout le monde s’affaire et attend impatiemment le départ. Beaucoup s’échauffent sur la ligne droite des paddocks.

16h : Début de la course ! C’est parti avec un départ spectaculaire façon 24h du Mans moto : les participants sont sur le côté de la piste  où sont installée les zones de passage de relai, leurs rollers sont de l’autre côté et ils devront traverser la piste et aller les chausser avant de s’élancer !

17h : Je prends mon premier relais, et je découvre par la même occasion l’asphalte et le tracé du circuit Bugatti à commencer par le fameux Dunlop. Bah, rien de bien méchant (à ce moment de la course…). Une fois passé le sommet de la côte, la vigilance reste de rigueur avec un premier virage en pente, il faut maitriser sa vitesse sous peine de faire un tout droit ou de tomber si les patins s’inclinent trop… Après ce virage et un court faux plat montant, les kilomètres suivant sont un pur bonheur avec une faible pente descendante, suivi d’une longue ligne droite. Le dernier kilomètre est un peu plus sportif avec un faux plat montant, mais l’approche du passage de relai est une motivation suffisante pour ne pas baisser le pieds et finir sur une belle pointe de vitesse.

17h15 : Le stand de ravitaillement organisé par l’association Rézo Rollers, accessible aux personnes s’étant inscrites pour en bénéficier, se met en place. Bien qu’ouvrant officiellement à 18h, les bouteilles d’eau sont déjà accessibles. Heureusement, par cette chaleur, il faut abondamment s’hydrater…

18h : Ouverture du stand de ravitaillement. Au menu jusqu’à la la fin de la course, et donc toute la nuit en sus des heures de repas traditionnelles, du poulet, de la viande froide, des salades de pommes de terre, des pâtes, du café, des carottes râpées et j’en passe. Tout est prévu pour ne pas mourir de faim 🙂

Les heures passent, la course ne fait que commencer. Les relais s’enchainent, pour mon équipe qui comprend 9 compétiteurs tout le monde tourne alternativement toutes les 1h30 environ. Entre les tours, ravitaillement, repos et échanges sur ces premiers tours de piste. Nous suivons et commentons également, comme nous le feront souvent par la suite, le classement très régulièrement mis à jour, sur des télévisions installées dans les paddocks.

Dimanche 28 juin

0h15 : Dernier relai en ce qui me concerne avant la pause nocturne, durant laquelle seuls 3 relayeurs seront en place pendant que les autres seront au repos pour quelques heures avant de prendre leur tour de nuit. L’atmosphère s’est bien rafraichie, les jambes sont encore en bon état, la fatigue encore peu perceptible : malgré l’obscurité de la nuit, compensée en bonne partie par des projecteurs entourant le circuit, je signe mon meilleur temps en un peu plus de 11 minutes. C’est très loin des 7 minutes de l’élite et des 9 minutes des amateurs habitués aux compétitions de roller, mais à mon humble niveau c’est suffisant pour me satisfaire.

0h30 : C’est l’heure du repos, alors que la majorité des concurrents a prévu de dormir au camping du circuit à quelques centaines de mètres des paddocks, je choisis de dormir à la belle étoiles à proximité immédiate des paddocks dans un petit coin de pelouse. Le sommeil est difficile à trouver entre l’excitation de la course qui ne retombe pas tout de suite, la lumière ambiante qui bien qu’artificielle n’en n’est pas moins gênante, ainsi que le bruit de la musique qui est diffusée sur la ligne droite des stands non loin de là. Mais la fatigue l’emporte et le sommeil s’installe pour quelques petites heures.

4h30 : Le réveil sonne, c’est reparti pour un tour ! Les premières lueurs de l’aube pointent le bout de leur nez, nous venons seulement de dépasser la mi-course… Petit point de situation avec les coéquipiers sur le front, puis ravitaillement avant de reprendre la course, pour ne pas rouler le ventre vide. Pour ces premières heures de la journée celui-ci est renforcé par du quatre quarts et du lait. De quoi bien se remplir le ventre…

6h45 : Après un petit soucis d’organisation entrainant un décalage des relais, je repars en piste pour les heures les plus physiques des 24h en ce qui me concerne. En effet jusqu’à 8h30 nous ne serons que 3 à nous relayer, pendant que nos co-équipiers se reposent. Chacun son tour, ils l’ont bien mérité ! Ce rythme nous fera rouler toutes les 25 minutes environ, avec 4 tours réalisés par personne à la clé. Mes performances sont légèrement à la baisse, les muscles sont froids et les jambes un peu moins fringantes que la veille… rien de bien méchant cependant, les temps restent corrects.

8h30 : Tout le monde dans l’équipe est de nouveau d’attaque et les rotations complètes reprennent. Côté ravitaillement, des barres de céréales ainsi que quelques croissants bienvenus complètent le dispositif. Côté ciel, c’est très nuageux alors qu’il devait faire très beau… Pas d’inquiétude, les nuages sont très hauts dans le ciel, rien de menaçant. Le soleil attendra un peu avant de reprendre toute son ardeur…

Les heures et les tours continuent de s’enchainer, la côte du Dunlop se fait de plus en plus hostile à nos jambes qui commencent à accuser le coups avec tous ces tours qui s’enchainent. Mais notre équipe s’en sors bien : malgré la fatigue, les temps de parcours restent assez stables, la plupart entre 11 et 13 minutes, un peu moins pour les meilleurs éléments, un peu plus pour quelques autres.

12h : Le soleil a repris toutes ses forces depuis le milieu de la matinée, le thermomètre monte doucement mais sûrement pour afficher 26° en cette mi-journée. Les tribunes protègent du soleil à ce moment là l’espace libre entre les paddocks et la piste, espace investi par les équipent qui en profitent pour déserter les paddocks où l’espace est bien plus restreint. Entre les tours, les relayeurs se posent et se reposent pour certains, profitant de cet air agréablement estival, pendant que les compétiteurs sur la piste poursuivent leurs efforts. Nous avons une pensée toute particulière pour les solos qui roulent de façon quasiment continue depuis la veille… dans une moindre mesure, les duos sont également très méritants en tournant certes moins que les solos, mais tout de même beaucoup plus que les équipes d’une (parfois petite) dizaine de patineurs, dont la mienne.

14h : Nous entrons dans la dernière ligne droite, les 2 dernières heures. Tandis que les relais se poursuivent, les équipes commencent à s’organiser pour la fin de course. En effet, les relais s’arrêtent 10 minutes avant la fin des 24h, à 15h50 donc. Le dernier relayeur aura au moins 2, voire 3 tours à faire, mieux vaut donc s’assurer que ces derniers tours seront assurés par des personnes encore en bonne forme. Nous nous arrangeons pour désigner (sur la base du volontariat bien entendu) nos deux meilleurs éléments afin de ne pas se faire surprendre car en cas de ratage du dernier relai, la personne sur la piste risquerait d’avoir à enchainer jusqu’à 4 tours de suite, mieux vaut qu’elle en soit capable…

14h45 : Je me lance pour mon dernier relai, dernier tour de piste et donc dernier Dunlop, décidemment de plus en plus difficile à avaler pour mes jambes qui commencent à fatiguer… Cela dit je me surprends à me retrouver à mener un petit train pour quelques personnes dans la montée, que j’abandonne au sommet car mes rollers à courte platine et ma technique imparfaite en la matière m’imposent de ne pas prendre trop de vitesse dans le virage en descente sous peine d’un dangereux déséquilibre, qui m’a déjà sérieusement menacé lors d’un précédent tour… Après cette dernière difficulté, le reste est un plaisir immense, et finalement je termine mon tour en signant mon meilleur chrono de la journée du dimanche (pas depuis le début), en 13 minutes et quelques secondes. Il est près de 15h, pour moi c’est terminé, sans chute ! J’ai finalement effectué 13 tours durant ces 24h, soit près de 55 km cumulés.

15h30 : Mon équipe lance ses fusées pour finir brillamment la course. Les 2 derniers relayeurs vont ainsi aligner chacun 2 tours, les 4 tours seront réalisés en une dizaine de minutes et nous finirons la course à une belle 320è place (avec 120 tours réalisés au total) après une remontée constante dans le classement depuis le premier relai où nous étions alors au-delà de la 450è place.

16h : L’ambiance est extraordinaire, c’est la fête dans les tribunes remplies de spectateurs et des équipiers des derniers relayeurs. C’est la fête aussi sur la piste où plusieurs patineurs portent des drapeaux et saluent la foule qui applaudit chaleureusement, plus encore quand une équipe voit passer un coéquipier.

16h30 : La course finie, tout le monde plie rapidement bagage dans les paddocks pendant que les capitaines d’équipe rendent les puces de comptage des tours et récupèrent les t-shirts ainsi que les diplômes de finisher de cette 10è édition des 24h roller du Mans.

17h30 : Le bus affrété par Rézo Rollers repart en direction de Paris, dans un premier temps dans un silence de cathédrale car presque tout le monde dort en raison de la fatigue accumulée associée à la chaleur ambiante.

20h45 : Le bus arrive à sa destination porte d’Orléans, tout le monde se dit au revoir et rentre chez soi. Fin des festivités !

 

Le bilan que je tire de ce WE roller est des plus positifs. Déjà l’objectif initial a été atteint : il s’agissait de finir cette épreuve, de préférence sans bobo. Mais en plus nous n’avons pas été ridicules 🙂 L’ambiance était excellente dans une équipe dont le niveau s’est avéré bien homogène, et les performances très régulières. De plus, le fait d’être passé par Rézo Rollers nous a apporté de nombreux plus : le trajet à prix raisonnable et qui nous a permis de dormir au retour, des places dans les meilleurs paddocks, les premiers en partant du fond de la piste de départ. Ceci nous a permis de voir arriver nos équipiers dans de meilleures conditions que les équipes suivantes plus proches de la ligne de départ. Ensuite, nous avons également pu bénéficier de plus de place dans les zones extérieures à côté de la piste, ombragées une bonne partie de la journée le dimanche. Enfin, la météo fut quasiment parfaite, pour ne pas dire parfaite. Les temps de récupération, assez long lorsque tout le monde se relayait sur la piste, étaient très agréables à passer à l’extérieur, loin de la promiscuité des paddocks que nous avons allègrement déserté le dimanche.

Bref, des WE comme celui-ci, on en redemande !

2 réponses pour “Les 24h Roller du Mans”

  • J’aurais pu écrire la même chose il y a qq année
    (en 2002 – Abec Zéro – 332éme)
    On dirait que rien n’a changé.

    Pour ce qui est du dépard, style 24h du Mans, même les motos ne le font plus 😉

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