Ah en voilà une question qu’elle est bonne ! Et oui, à chaque grève celà se vérifie : la ligne 1 est souvent celle qui, hormis la 14 – hors concours car automatisée – a le trafic le plus important du réseau métropolitain parisien.
Mais pourquoi donc ?
Il faut déjà savoir que cette ligne sera amenée à être automatisée intégralement d’ici fin 2010. Alors, y a-t-il un lien ou n’est-ce qu’une supposition erronnée ?
La réponse nous vient d’un site consacré aux transports publics d’Ile de France, Métropole.
Voici ce qu’il y est écrit :
Comme sur toutes les lignes, les grévistes ne sont évidemment pas bien vus par leur encadrement (j’aime bien enfoncer quelques portes ouvertes en commençant, ça met en train) et même si l’encadrement peut se montrer compréhensif dans certaines circonstances (malgré les consignes, précisons tout de même), le fait que M. Conducteur a fait grève le 36 mai dernier se trouve inscrit sur son dossier personnel qui le suit durant tout son parcours professionnel dans l’entreprise.
Ceci posé, la particularité de la ligne 1 est justement qu’elle doit être automatisée. A cette occasion, les conducteurs doivent effectivement partir ailleurs : certains deviendront agents de maîtrise (il faut pour cela suivre une formation et passer un examen), d’autres seront mutés vers d’autres lignes. Dans un cas comme dans l’autre, il peut être utile de ne pas se faire trop remarquer : peu de chances d’être admis à la maîtrise si on est reconnu comme un gréviste patenté, et comme il faut désormais l’aval du Directeur de la ligne « prenante » pour toute mutation, peu de chances que celui-ci vous accepte s’il soupçonne que vous serez parmi les premiers à transformer sa petite entreprise en grand cirque. Car les Directions de ligne ont chacune des objectifs (notamment sur la « production du transport ») qu’elles n’ont aucun intérêt à mettre en danger pour les beaux yeux de celui qui demande une mutation.
La particularité de la 1, c’est qu’il y a aussi beaucoup de gens qui vont être mutés simultanément, ce qui va faire beaucoup de demandes d’un seul coup et pas énormément plus d’offre en face à ce moment-là. Alors, la loi du marché s’applique : il va y avoir un peu de concurrence, forcément. Et même si tout le monde a déjà fait la grève dans sa carrière, entre celui qui aura un jour au compteur et celui qui en aura six, chacun soupçonne bien qui aura la préférence à l’examen final des dossiers. Dans le doute, tous ceux qui tiennent vraiment à la maîtrise ou à une mutation précise (le terminus Mairie de Champignac sur la ligne 11 bis, dont le directeur est un chieur mais qui me rapprocherait bien de la maison) préféreront se tenir à carreau.
Ça, c’est pour la généralité. En pratique, ça a des effets un peu inattendus : parmi les conducteurs les plus âgés (et donc les premiers concernés quand on parle de retraites), il y a ceux qui espèrent une promotion précise avant la fin de carrière, et ils ne sont donc pas les premiers grévistes. A contrario, les jeunes embauchés peuvent se dire qu’ils ont encore le temps de se faire oublier, et y aller quand même (sauf s’ils ne sont pas encore commissionnés, en « période d’essai » en quelque sorte, auquel cas évidemment, à part les simplets, personne ne fera grève). Mais des jeunes, sur la 1, il n’y en a pas tant que ça, parce que les mutations et les recrutement vers la 1 ont été interrompus un bon moment en prévision de l’automatisation, toujours.
Et voilà, la supposition était donc bien fondée. Y a pas à dire, pour les usagers, l’automatisation d’une ligne de métro n’a que des avantages, même avant sa mise en service 🙂
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